Annie était née en 1945. Elle avait grandi dans le sud de la France près de Montpellier dans un petit appartement entouré de son père, de sa mère et de son frère Marcel. La famille était assez pauvre et l’on peut dire que les enfants n’étaient pas gâtés en cadeaux ou en sucreries. Anne aimait gambader dans la nature, batifoler dans les herbes hautes et jouer à la poupée. Elle avait quelques bonnes amies qui étaient ses voisines et partait jouer ensemble parfois pendant une journée entière. À cette époque le monde était moins dangereux que de nos jours et les parents couvaient moins leurs enfants. Pourtant Annie était aimée, et même adorée. En tant que petite fille de la famille, elle avait toute l’adoration de son père Michel. À l’école, Annie n’était pas très douée. Ce qu’elle détestait le plus, c’étaient les mathématiques. Elle n’y comprenait tout simplement rien. Elle tremblait de peur chaque fois qu’il fallait lever son ardoise noire et donner la réponse à un calcul. À chaque mauvaise réponse, la petite fille se faisait taper sur les doigts par les sœurs qui régissaient l’école.
À l’âge de 17 ans, elle rencontra Alain lors d’un bal du village donné en l’honneur du 14 juillet. Elle partagea une danse avec lui, et ce fut le coup de foudre. Une semaine après, ils se mettaient en couple. Et six mois plus tard, Alain demandait la main d’Annie à son père. Ayant toute confiance dans le jeune homme qui était de bonne famille, le père accepta sans rechigner. Encore deux mois passèrent et le jeune couple célébrait son mariage dans un petit restaurant familial. Ils avaient travaillé d’arrache-pied pour pouvoir financer la cérémonie. Alain travaillait à l’usine et Annie prenait des travaux de couture pour se faire un petit salaire et payer l’orchestre et le restaurant.
Le couple désirait plus que tout avoir un enfant. Seulement, Annie avait du mal à tomber enceinte. Elle se morfondait dans sa solitude pendant qu’Alain travaillait et pleurait de l’absence de cet enfant. Ce n’est que 12 ans plus tard qu’Annie tomba finalement enceinte sur le tard. Julie fut accueillie comme une vraie princesse. Sans être pourrie gâtée, ses parents la choyaient comme la 9e merveille du monde. Vous vous doutez alors que lorsque Julie donna naissance à ses propres enfants, Annie était extatique. Aussi souvent qu’elle le pouvait, elle allait rendre visite à sa fille à Autun pour profiter et garder ses petits-enfants. Le jour de la fête des grand-mères arriva et Julie se rendit sur son site fétiche, grave-moi une histoire. Elle lui commanda alors une petite planche à café gourmand gravée de la phrase « pour ma mamie d’amour-Eleanor et Alaë ". Le cadeau fit forte impression auprès d’Annie qui versa même une petite larme. C’était son premier vrai cadeau en temps que grand-mère. Elle le gardera précieusement jusqu’à la fin de sa vie, et le sortirait lors de tous les dîners de famille !